Une idée, un fantasme, une réalité

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  • Le 16/10/2016
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Octobre sonne le clap de fin de chaque saison chez nous, si l’on m’avait dit que cette année je pêcherais ses dix derniers jours  exclusivement en sèche, je ne l’aurai pas cru une seconde. Il faut bien reconnaitre qu’après un printemps très pluvieux et des rivières en étiage sévère depuis début Juillet, des insectes qui n’étaient  pas à la fête. On aurait pu imaginer une fin de saison des plus difficiles. En septembre, les niveaux d’eau étaient au plus bas pour l’époque mais la température de l’eau était excellente et les truites avaient un taux de graciation exceptionnel. Certain cours d’eau était quand même en souffrance comme la Fillière, les Usses ou encore la Menoge, le type de rivière que je me défends de pêcher à cette période, préférant laisser les poissons tranquilles.

Je passe donc ces dix derniers jours, sur deux rivières Alpines, l’une située en montagne où les veines d’eau sont encore bien oxygénées et l’autre en plaine sur des secteurs bien défini. Au vue des niveaux bas, la sèche était la technique reine pour traquer ces derniers poissons de l’année, fallait-il encore que les coquines dédaignent  sortir, ce fût au-delà de mes espérances. 

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A part quelques sorties sans gobages où je pêcherai l’eau en sèche avec succès, le reste du temps se sera de la pêche à vue, accompagnés d’éclosions massive d’éphéméroptères. Une pêche en sèche qui ressemble au coup du soir que l’on peut faire l’été, des micros insectes accompagnés de minuscules gobages que beaucoup de moucheurs ne perçoivent pas. Des coups que j’adore, qui requièrent un bon placement par rapport au poisson, un posé et une dérive irréprochable, mais aussi un bon timing au moment du ferrage puisque le poisson vient cueillir la mouche en douceur dans la pellicule, on atteint pour moi la quintessence de la pêche à la mouche, chez nous. 

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Un vrai régal de pouvoir toucher ce genre de poisson en sèche

/.J'adore ces ambiances de fin de saison, la plupart du temps à cette période j'arrête de pêcher sur les coups de 17h, c'est le moment où l'activité se termine. Cette année coup du soir jusqu'à 18h30, un luxe

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Après ces belles sorties, voilà qu’arrive cette foutu fermeture, je décide de la faire le samedi et de me garder le dimanche en famille, où il y aura trop de monde au bord de l’eau à mon goût. J’arrive sur ma première rivière de la journée, pas un seul pêcheur à l’horizon, bizarre. Je comprends très vite que comme les jours suivants les poissons ne répondrons pas à mes nymphes, les belles auront le bec au vent toute la journée, dingue. Après une vingtaine de poissons, il est temps de redescendre dans la vallée, les pêcheurs commencent à pointer le bout de leur nez.

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Je suis addicte de ces adipeuses

/La couleur des arbres me rappelle que je ne suis pas au printemps, mais bien en fin de saison

Me voilà arrivé sur le dernier spot de la saison, je commence comme j’en ai l’habitude à monter la canne au bord de l’eau tout en scrutant la moindre activité en surface. J’aperçois d’entrer une  brisure sur l’eau pleine aval, puis une deuxième, à chaque passage de la soie dans les anneaux s’additionne un gobage, une fois la canne montée c’est une avalanche de spents (insecte mort dérivant sur l'eau les ailes à plat) qui s’agglutinent en fin de radier ou une dizaine de poissons les attendent, gueule grande ouverte. Le genre de moment magique qui demande à gérer son impatience, comprendre la fréquence de gobages et être capable de choisir le bon poisson. Pas évident puisque je suis dans l’impossibilité d’attaquer les poissons par derrière, je dois me résoudre à pêcher pleine aval à 20 mètres. Je comprends assez vite qu’elles montent sur des Heptageniidaes, j’avais aperçu aussi un ou deux Trichoptères qui dansaient sur la berge dans face. Quand il y a beaucoup de poisson à table, je monte souvent une imitation plus grosse en taille qui n’a rien avoir avec ce qu’elles gobent sur le moment, ça permet de faire la différence. Je monte donc un sedge en CDC et me reste plus qu’à choisir un poisson placé, de belle taille, pas évident vu que j’ai le soleil de face. Après un lancer pour appréhender la distance, le second sera le bon, ma mouche sera aspirée tout en douceur, comme le ferrage. 

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Un joli poisson de fermeture

/Les Heptas et autres Trichos étaient à la fête

Je fais encore quelques poissons de plus petite taille, j’en loupe aussi. Je fini sur un coup du soir où je me casse les dents, sans trouver le moyen de faire monter un poisson. Je reste quelques minutes sans pêcher pour m’imprégner une dernière fois de l’ambiance de la rivière, la saison est TERMINEE.

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C’est ce que  je croyais. C’était sans compter sur ma petite  femme qui le dimanche matin me fila des coups pieds au cul pour que je profite des dernières heures de la saison, je dois avouer que je ne me suis pas trop fait prier pour remettre les waders dans la voiture. Arrivé sur le premier spot, je comprends très vite qu’il ne se passera rien,  je remonte en voiture, ne  me reste plus que trois heures. J’arrive sur un secteur où j’ai beaucoup bourlingué cette année, comme la veille les poissons sont actifs en surface. Je rentre quelques petits poissons toujours en sèche, je prends surtout énormément de refus sur mes dérives. Il est 17h30, me reste plus qu’un poste sympa à faire, je pêche contentieusement la veine courante en sèche qui vient lécher une falaise, rien de rien, après dix jours en sèche,  je me résous finalement à enfiler une nymphe au bout de ma pointe en 12ct. Je réitère mes dérives  à l’endroit où ma sèche est passée, toujours rien. J’envoie alors ma nymphe de l’autre côté du courant, sur ce que j’appelle un coup mort. Un endroit qui pue le Fish à plein nez,  j’ai dû y passer une centaine de fois ces dernières années sans toucher la moindre écaille. Pour la énième fois de la saison ma nymphe arrive devant l’entrée de la cavité, sur une touche anodine, ma canne se met en U, je me fais aussitôt chahuter comme dans une machine à laver. Je la bride tout le long du combat, ce que je ne fais rarement sur les gros poissons où l’anticipation est primordiale. Mais là je n’ai pas le choix vu qu’elle n’a qu’une envie, rejoindre sa tanière où mon nylon ne survivra pas. Après une sérénade de quelques secondes, qui pour moi deviennent une éternité, j’entrevois enfin son museau qui vient s’accoupler à mon épuisette, s’ensuit alors un cri de soulagement qui fait écho dans la vallée une dernière fois. 

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Ma canne a été fabuleuse, sans elle je ne serai jamais venu à bout de cette caudale

/Ma dernière gueule de la saison/Comme dans un rêve

C’était ma dernière dérive de la saison, qui me donne un de mes plus beaux poissons de l’année sur ma rivière, un coup de ligne que j’ai rêvé des milliers de fois, aujourd’hui c’est juste réel. Et dire que je ne voulais pas allez à la pêche, je dois ce poisson à une seule personne, ma femme, comme quoi parfois faut les écouter.

J’ai passé beaucoup d’autres bons moments cette année, notamment avec les potes que je remercie pour tout ce que vous m’avez apporté, une pensée toute particulière à Tof et Michel, d’autres que j’ai très  peu vue cette année avec beaucoup de regret (hein mon Mig)  se sera à corriger pour l’année prochaine, je l’espère de tout cœur l’ami…

Je n’oublie pas non  plus les belles rencontres que j’ai pu faire, une pensée à François le Creusois, à Dom le globe-trotter, à Seb le roi de la lunette en Ebène, sans oublier Romain le Charentais (Bozel c’est à droite !!), vous m’avez régalé les gars. Sans oublier mes deux princesses à qui je prends beaucoup de temps de Mars à Octobre, un grand merci pour votre patience, je vous aime. 

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Vivement la saison prochaine pour partager de nouvelles passes d'arme, Arvi'pa

 

 

 

Pêche au toc Barbeau Pêche Haute-Savoie Pêche à la mouche Truite fario

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